vendredi 13 novembre 2015

Dans ma rue


J'habite un coin du vieux Montmartre, 
mon père rentre saoul tous les soirs, 
et pour nous nourrire tous les quatres, 

ma pauvre mère travaille au lavoir. 
quand j'suis malade, j'reste à ma fenêtre, 
j'regarde passer les gens d'ailleurs. 
quand le jour vient à disparaitre, 
y'a des choses qui me font un peu peur. 

dans ma rue y'a des gens qui s'promènent, 
j'les entends chuchoter et dans la nuit 
quand j'm'endore bercée par une rengaine, 
j'suis soudain réveillée par des cris, 
des coups de sifflet, des pas qui trainent 
qui vont qui viennent, 
puis le silence qui me fait froid dans tout le coeur. 

dans ma rue y'a des ombres qui s'promènent, 
et je tremble et j'ai froid et j'ai peur. 

mon père m'a dit un jour : ma fille 
tu vas pas rester là sans fin,
t'es bonne à rien ça c'est de famille 
faudrait voir à gagner ton pain. 
les hommes te trouvent plutôt jolie, 
tu n'auras qu'à partir le soir, 
y'a bien des femmes qui gagnent leur vie 
en s'baladant sur le trottoir. 

dans ma rue y'a des femmes qui s'promènent, 
j'les entends fredonner et dans la nuit 
quand j'm'endore bercée par une rengaine, 
j'suis soudain réveillée par des cris, 
des coups de sifflet, des pas qui trainent 
qui vont qui viennent, 
puis ce silence qui me fait froid dans tout le coeur.

dans ma rue y'a des femmes qui s'promènent 
et je tremble et j'ai froid et j'ai peur. 

et depuis des semaines et des semaines 
j'ai plus de maison, j'ai plus d'argent 
j'sais pas comment les autres s'y prennent, 
mais j'ai pas pu trouver de client. 
j'demande l'aumône aux gens qui passent, 
un morceau de pain, un peu de chaleur. 
j'ai pourtant pas beaucoup d'audace,
maintenant c'est moi qui leur fais peur. 

dans ma rue, tous les soirs j'me promène, 
on m'entend sangloter et dans la nuit 
quand le vent jette au ciel sa rengaine 
tout mon corps est glacé par la pluie. 
et j'en peux plus, j'attends qu'enfaite 
que le bon Dieu vienne,
pour m'inviter à m'réchauffer tout près de lui. 

dans ma rue y'a des anges 
qui m'ammènent, 
pour toujours mon cauchemar est fini. 

ZAZ

PDF : fiche pédagogique


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