lundi 2 novembre 2015

Victor Hugo. Demain dès l'aube.

 Poème  de Victor Hugo dédié à sa fille, Léopoldine. 

Tombe
Cimetière  
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Bruyère en fleur
Houx vert







Demain, dès l'aube...

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois -tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur
Victor HUGO   (1802-1885)
Recueil : Les contemplations


Victor Hugo va à Harfleur pour se recueillir sur  une tombe.
La tombe est celle de sa fille. 
 Sa fille, Leopoldine et son gendre, Charles Vacquérie sont  morts noyés dans la  Seine.

On se souvient du drame qui frappa Victor Hugo et qui l'associe définitivement au cimetière de Villequier.
Le 9 septembre 1843, il apprit par le journal le drame qui avait, cinq jours plus tôt, frappé sa famille : 
sa fille Léopoldine et son gendre Charles Vaquerie ainsi que l'oncle Pierre et leur neveu Arthur s'étaient noyés dans la Seine. Il en fut effroyablement désespéré. 
Le souvenir de ce drame lui inspira le magnifique poème "Demain dès l'aube". 
C'est très important pour lui de porter des fleurs sur la tombe parce qu'il  est très triste. 
Commentaire composé

Les figures de style
L’anaphore


On répète un même mot à la même place.
Il y a une anaphore dans les deux premières strophes puisque le pronom «je» est répété en tête de chaque vers :
Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.


Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées...


On peut également parler d’anaphore avec cette reprise d’un même mot dans l’hémistiche suivant, sur le modèle
A .......... / A .......... :
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit


Autre anaphore :
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.


La répétition est soulignée par la ponctuation et par la césure séparant les deux hémistiches :
J'irai par la forêt,// j'irai par la montagne.


La comparaison


Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit


Le jour est comparé (c’est donc le comparé) à la nuit (c’est le comparant). La comparaison est effectuée par l’outil de comparaison « comme ». Pour qu’il y ait comparaison, il faut un point commun.
Qu’est-ce que le jour et la nuit - normalement opposés - peuvent avoir en commun ? Du fait de la tristesse du poète, il n’y a plus de différences entre le jour et la nuit. La vie est devenue sombre et synonyme de deuil. On peut penser aussi que le poète ne dort pas plus le jour que la nuit, ce qui est suggéré par les trois compléments circonstanciels du premier vers et les futurs simples laissant comprendre que le poète attend l’aube pour partir afin de recueillir sur la tombe de sa fille. Sa journée, de l’aube jusqu’au soir (« Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe, »), n’est que douleur, telle une boucle se répétant sans cesse.

La métaphore


l'aube, l'heure où blanchit la campagne = image


« Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe »


Dans sa douleur, le poète ne voit plus la beauté du monde, il ne voit plus « l’or du soir ». Ce groupe nominal ne doit pas être pris au sens propre : l’or ne tombe pas ! C’est une image, une métaphore. Cette figure de style suppose, comme la comparaison, un point commun entre deux choses : la couleur du ciel au crépuscule et la couleur de l’or. Quand la nuit tombe, la couleur du ciel est comme de l’or.


La synedocque

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Victor Hugo ne verra ni l’or du soir ni les voiles. Nous avons là une synecdoque. Cette figure consiste à désigner un objet par une de ses parties. Les voiles (parties d’un bateau) désignent le bateau ou les bateaux :
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur
Les voiles désignent évidemment les bateaux.


Le procédé consiste à désigner un objet (le bateau) par une de ses parties (la voile).


L’énumération


Quand plusieurs mots se suivent et sont juxtaposés, on a une énumération :
« Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste... »


L’énumération commence par deux adjectifs qualificatifs : « Seul, inconnu » ; elle se poursuit par deux groupes nominaux «le dos courbé, les mains croisés». Ces mots ou groupes de mots énumérés expriment l’attitude du poète et, en suivant l’enjambement, ses sentiments : « Triste » (le mot est ainsi mis en valeur).
Ce parcours du poète, sa destination pour le cimetière prend alors l’allure d’un calvaire, d’un chemin de croix (« les mains croisées »). Cette idée de la croix se retrouve jusque dans la disposition des rimes, qui sont elles - aussi croisées (ABAB).






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